vendredi 28 septembre 2012

La trilogie Twain - Martin WINCKLER

Un pour deux


Comme tant de grandes villes françaises, Tourmens peut s'enorgueillir de sa magnifique cathédrale médiévale, de sa rivière pittoresque, de ses quartiers difficiles, de son hôpital public sinistré et... de son maire tout-puissant, Francis Esterhazy. Ancien policier, nouveau riche et futur député, le maire de Tourmens braque sur ses administrés une batterie de caméras vidéo et... attire sur lui l'attention des paparazzi depuis qu'il a épousé Clara Massima, l'ancien mannequin vedette.
Alors que plusieurs top models viennent de mettre mystérieusement fin à leur carrière, Clara Massima, qui se sent menacée, fait appel à "Twain Peeks", une petite agence assurant la protection de célébrités et autres people.
L'un taciturne et réservé, l'autre extravertie et séduisante, Renée et René Twain, les jumeaux propriétaires de l'agence, ne se doutent pas que l'affaire Massima, en apparence très simple, va les mêler à plusieurs assassinats, leur révéler un sinistre complot médico-chirurgical et menacer l'incroyable secret qui les lie, tous deux, depuis leur naissance...

Roman choral, dont la forme évoque Manhattan Transfer de Dos Passos et Tous à Zanzibar de John Brunner, Un pour deux - premier opus de la trilogie Twain - est non seulement un hommage chaleureux aux séries télé et aux comédies policières, mais aussi une réflexion personnelle sur l'amour fraternel, la différence des sexes et les mystères de l'identité.

Médecin et écrivain, Martin Winckler est entre autres l'auteur de La Maladie de Sachs (POL, 1998), Mort in Vitro (Fleuve Noir, 2003), Les Trois Médecins (POL, 2004), Camisoles (Fleuve Noir, 2006) et Le Numéro 7 (Le Cherche Midi, 2007).

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L'Un ou l'Autre

 


- L'Un ou l'Autre... Qu'est-ce que c'est ?
- Vous n'avez pas entendu parler de la Trilogie Twain ?
- Euh, non...
Les jolis yeux de la libraire pétillent.
- C'est une série policière à l'américaine. René et Renée Twain, des jumeaux un peu... spéciaux, vivent à Tourmens, une ville complètement fliquée par un maire mégalomane, Francis Esterhazy. Pendant la première saison, Un pour deux, ils déjouent un complot abominable. Au début de la deuxième, l'horrible Esterhazy leur demande d'enquêter pour lui. Et comme il connaît leur secret... Non, je ne vais pas vous le révéler, ça serait un crime... Il faut que vous regardiez !
- Dites-moi, j'ignorais que vous vendiez des séries télévisées...
- Seulement quand ce sont de bons romans, répond la libraire avec un sourire charmant.


Après Un pour deux, ce deuxième volet de la Trilogie Twain (qui se conclura avec Deux pour tous...) se joue des codes de la narration pour raconter les aventures d'un frère et d'une sœur hors du commun, en quête de leurs origines et du plus vieux rêve de l'humanité.


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Deux pour tous

 


Revenu à Tourmens après avoir connu le succès à Hollywood, Jack Cutter, jeune et brillant scénariste, est contacté par un producteur de télévision : la Trilogie Twain, série romanesque et télévisée à succès dont Un pour deux et L'un ou l'Autre constituaient les deux premières saisons, est en panne. Les extraordinaires aventures de René et Renée, les jumeaux parfaits, ont été interrompues par l'explosion du Centre multimédiatique Michel-Houellebecq. Les deux héros ont-ils survécu à la catastrophe ? Qu'est-il advenu de leurs adversaires : le fourbe maire Esterhazy, la venimeuse Anastacia Volkanova et la diabolique Bénédicte/Bunny, P-DG de WOPharma ?
Le public de la Trilogie Twain attend impatiemment la troisième et dernière saison de sa série culte. Mais son auteur, le mystérieux Raphaël Marker, reclus et invisible, ne parvient pas à l'écrire. Jack Cutter doit relever un triple défi : convaincre le scénariste de terminer son œuvre, raconter avec lui l'affrontement final entre René/e et l'abominable Bunny et, pour couronner le tout, élucider le "mystère Marker".


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Oui, peut-être fais-tu partie des gens qui m'ont entendue m'extasier sur le sujet ici-même ou sur les rézossocio, figure-toi que Martin Winckler écrit aussi des polars ! Et même si, après cette lecture, je le trouve moins convaincant dans cet exercice que dans celui du roman blanc, je suis heureuse d'avoir lu cette facette de lui.

Évidemment, on retrouve la bonne ville de Tourmens, un peu comme on retournerait dans un lieu de villégiature qu'on connaîtrait déjà. Évidemment, l'action se déroule plus ou moins dans le milieu médical. Évidemment, la galerie de portraits est savoureuse, on ne peut que sourire en découvrant le personnage du maire de la ville, petit homme politique nerveux et ambitieux, mais bon, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé... Tu connais la suite...!

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le premier tome, à m'accoutumer au secret de René et Renée, qui n'a rien d'un truc anodin et qui a soulevé tellement d'interrogations en moi que je pense être passée à côté d'un bon tiers du bouquin. Pour tout te dire, une fois que j'ai eu compris, j'ai trouvé ça un peu tiré par les cheveux. Mais le style étant plaisant, les personnages attachants, c'est sans peine que je suis parvenue à le terminer.
Mention spéciale pour le deuxième tome : j'ai beaucoup aimé sa construction qui renforce l'effet "série télévisée". J'ai vraiment eu la sensation d'être installée sur le canapé avec les deux couples qui regardent cette deuxième saison. Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, j'ai un peu plus accroché que le premier. Probablement parce que j'avais eu le temps d'intégrer deux ou trois bricoles et que, du coup, c'est avec l'esprit libre que j'ai pu poursuivre ma lecture !
Et, autant j'ai aimé la structure du deuxième, autant j'ai détesté celle du troisième. C'est bien simple, je n'ai pas du tout accroché. À un tel point que ça m'a perturbée dans ma compréhension de l'intrigue. Je suis allée au bout parce que je n'aime pas abandonner mais je sais que je n'en garderai pas un souvenir impérissable.

Mais cette expérience avec la face noire de Martin Winckler ne m'a pas vaccinée pour autant, puisque je me suis empressée d'en emprunter un nouveau à la bibliothèque. Car je continue d'aimer cette façon qu'il a de glisser de l'humanité dans ses personnages, même les plus antipathiques, et que, du coup, je n'ai pas eu envie de m'arrêter là !

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